

Parti de Chine et plus largement épanoui au Japon, le goût du noir va à l’inverse de l’image occidentale : la non-lumière engendre la plus riche et la plus profonde des impressions visuelles, alimente rêverie, sensualité, pulsions artistiques, style de vie et spéculations philosophiques, orientées par le shintō, le zen et la fusion avec le naturel. L’absence de couleur serait donc plutôt la couleur absolue.
L’auteur est, depuis la fin des années 1970, devenu un familier du monde traditionnel de l’écriture chinoise et japonaise. Sa curiosité pour les fabrications de l’encre et les valeurs morales qui s’y attachent l’a conduit à mener la présente série d’enquêtes, pour une synthèse qui n’a jamais été tentée, même au Japon.
Du noircissement des dents à l’expressionisme abstrait, du vêtement le plus aristocratique aux ombres de la maison, le livre étudie les pratiques insolites et les significations que les siècles ont appliquées à ce désir d’obscur, qui accompagne et émeut si profondément le quotidien japonais. On ne s’étonnera pas, à la lecture, qu’il en découle un message de portée universelle.